12. Maryam loue le Miséricordieux, véritablement Miséricordieux

La première sourate du Coran (Al Fatiḥa), est une prière de louange, sauf en son dernier verset (qui est une double condamnation). En voici le texte selon une bonne traduction :

1. Au nom de Dieu-Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

2. Louange à Dieu-Allah, Seigneur de l’univers.

3. Le Miséricordiant, le Miséricordieux,

4. Maître du Jour du Jugement.

5. C’est Toi que nous adorons, Toi dont nous implorons le secours.

6. Guide-nous dans le droit chemin,

7. le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés.

 

Ce verset 7 ne peut pas être dit par un chrétien car il renvoie à deux passages de la sourate 5 où, d’une part les juifs sont dits encourir la colère de Dieu et d’autre part les chrétiens sont dits être dans l’égarement [1]. Question : le Dieu qui fait miséricorde (raḥmān) – c’est-à-dire qui est ému et veut le bien des hommes – est miséricordieux en Lui-même (raḥīm). Si Dieu est miséricordieux en Soi, peut-Il l’être seulement à ses heures, sans Se renier ? L’être tantôt pour certains et être l’inverse pour d’autres ? Heureusement, les chercheurs coranologues ont mis en lumière que le dernier verset a été ajouté sans doute à l’époque des commentateurs iraniens ‒ pour sûr, ce n’était pas des gens qui aimaient la Vierge Marie, Maryam la très pure. Celle-ci aurait pu dire cette prière d’Ouverture (Fatiḥa) jusqu’au verset 6 : « Guide-nous dans le droit chemin ».

Selon l’évangile, après avoir reçu l’Annonce, Maryam dit :

« Mon âme magnifie le Seigneur, et mon esprit se réjouit en Dieu, qui me donne Vie [mon Sauveur]

Car il a porté son regard sur l’humilité de sa servante […]

sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.

Il a réalisé la victoire par Son bras,

Il a dispersé ceux qui s’enflent des pensées de leur cœur.

Il a renversé les potentats de leurs sièges,

et élevé les humbles.

Les affamés, Il les a comblés de bienfaits,

et les riches, Il les a renvoyés les mains vides » (Lc 1, 46-53).

Ndf

Les riches qui sont renversés sont ceux qui usurpent la force du Tout-Puissant,
ils sont superbes et vides. 
Mais il ne suffit pas d’être pauvre pour être l’objet de la prédilection divine. 
Ceux qui servent Dieu dans l’humilité et la crainte sont les pauvres qui sont élevés.

 

Comme Maryam la toute pure,
ayons le désir de correspondre à Sa grâce,
et pour nous Dieu fera de grandes choses.

 

 


[1] Il est question des Juifs “que Dieu a maudits, contre qui Il est en colère” (Sourate 5, 60) ; et à la suite des versets 72 et 73 qui visent manifestement les chrétiens, il est dit au verset 77 qu’ils sont des “gens qui se sont déjà égarés, qui [en] ont égaré beaucoup et qui s’égarent (avec 3 fois le verbe ḏallala, Sourate 5, 77)”.